Selon une étude du BCG, les investisseurs professionnels pensent que la récession est proche et veulent que les entreprises prennent des mesures afin de se préparer à la création de valeur dans le sillage de la crise.

Les attentes des investisseurs en matière de rendement total pour les actionnaires se situent à des niveaux historiquement bas.

Près de trois quarts (73%) des investisseurs professionnels ont déclaré s’attendre à une récession au cours des 24 prochains mois. C’est ce qui ressort d’un nouvel article du Boston Consulting Group (BCG) intitulé « Investors Brace for a Downturn and Look to the Long Term » (les investisseurs se préparent à un ralentissement et s’orientent vers le long terme), basé sur une enquête auprès des gestionnaires de portefeuille et des analystes en matière de vente et d’achat. On remarquera en particulier que seulement 53% des investisseurs pensaient qu’une récession était tout aussi imminente en 2017.

(Le dixième sondage annuel du BCG visant à appréhender l’opinion des investisseurs sur les marchés boursiers mondiaux et les priorités en matière de création de valeur pour les actionnaires a été réalisé en octobre 2018, au début du ralentissement actuel du marché. Les répondants étaient composés de 260 investisseurs qui représentent des entreprises gérant entre 12 et 15 billions de dollars d’actifs.)

Seulement un tiers des investisseurs (33%) se sont dits optimistes quant au potentiel du marché ces 12 prochains mois. Cette proportion est en baisse par rapport à celle d’il y a environ un an, où ils étaient près de la moitié à partager cet avis.

Les attentes des investisseurs quant au rendement total annuel moyen pour les actionnaires (RTA) au cours des trois prochaines années demeurent modérées – à 5,6 %, soit presque le niveau le plus bas depuis que le BCG a commencé à suivre les attentes en termes de RTA en 2010, selon l’enquête.

Les investisseurs veulent que le management se concentre davantage sur la valeur à long terme

« Compte tenu des préoccupations croissantes relatives à l’environnement d’investissement, aux valorisations et à l’économie en général, la plupart des investisseurs veulent que les entreprises en fassent plus pour donner la priorité à la création de valeur à long terme plutôt que de viser des résultats à court terme. Ils sont nombreux à penser que les équipes de direction n’en font pas assez à cet égard, » a constaté Alexander Roos, senior partner de BCG et coauteur de l’article.

La grande majorité des investisseurs (82%) demandent aux entreprises de se concentrer sur la création de valeur à long terme. Mais ils affirment que seulement 50% des entreprises dans lesquelles ils investissent ou qu’ils suivent ont des stratégies commerciales, financières et d’investissement bien alignées. Ils signalent également que près de la moitié (48%) des entreprises qu’ils possèdent ou qu’ils suivent devraient faire preuve de plus d’agressivité dans leurs investissements en R&D afin d’accroître leur valeur.

« Dans un environnement d’affaires très dynamique et complexe, les investisseurs veulent que les entreprises déploient leurs ressources pour stimuler l’innovation et soutenir les entreprises qui ont le potentiel d’obtenir un avantage concurrentiel et de soutenir une création de valeur forte et durable, a indiqué Jeff Kotzen, coauteur du rapport et senior partner du BCG. Les dirigeants et les membres exécutifs doivent trouver un équilibre entre le renforcement de la résilience face aux turbulences à court terme et la prise de décisions à long terme qui assurent un avantage commercial et financier sur le long terme. »

Comment les entreprises devraient-elles utiliser leurs liquidités ? L’avis des investisseurs…

Dans le contexte de perspectives plus sobres, les investisseurs estiment qu’il est possible d’améliorer considérablement l’allocation du capital. 43% des investisseurs ont déclaré que les entreprises doivent s’améliorer à cet égard, 37% ont affirmé que les entreprises devraient plutôt améliorer leur développement et leur planification stratégiques et 38% ont indiqué que les entreprises devraient améliorer leurs processus de gestion des risques.

Le réinvestissement organique demeure la priorité de l’allocation de capital, selon près des deux tiers des investisseurs (64%). En revanche, les investissements inorganiques et les paiements en espèces ont quelque peu perdu leurs faveurs : seulement 39% des investisseurs ont déclaré qu’ils préconisaient les fusions et acquisitions en tant qu’utilisation privilégiée des liquidités des entreprises, contre 48% dans l’enquête de 2017 ; seulement 22% ont déclaré qu’ils préféraient les augmentations de dividendes, soit un recul par rapport aux 30% de 2017. Compte tenu du potentiel de turbulences, les investisseurs considèrent également le renforcement du bilan comme plus important : 21% ont cité l’accroissement des liquidités au bilan comme une priorité importante, contre seulement 11% en 2017 ; et 32% se sont dits favorables au remboursement de la dette, contre 26% en 2017 (selon le rapport).

Que font les investisseurs ?

Quelles mesures les investisseurs prennent-ils afin de se préparer à un ralentissement économique ? Selon l’enquête, ils sont deux fois plus nombreux à passer plus de temps à prendre des décisions d’investissement, à adopter une approche plus axée sur la valeur et à sortir plus rapidement des positions d’investissement.

Il est intéressant de souligner que près de la moitié des investisseurs (48%) ont déclaré qu’ils tenaient grandement compte des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leur processus décisionnel en matière d’investissement car ces facteurs sont déterminants pour la performance à long terme.

« Les investisseurs font exactement ce qu’ils attendent des entreprises dans lesquelles ils investissent, a constaté Hady Farag, directeur associé du BCG et coauteur du rapport. Ils prennent moins de risques à court terme en faisant preuve de plus de diligence, en investissant davantage dans la valeur que dans la croissance et en se retirant plus rapidement des placements. Au même moment, ils examinent l’attrait fondamental à long terme des entreprises dans lesquelles ils investissent, également par le prisme ESG. »

source: bcg.com